La psychanalyse

De l'hypnose spectacle à l'hypnose thérapeutique

La psychanalyse a fait et continue à faire couler beaucoup d'encre. À la fois théorie et méthode de soin psychique, la psychanalyse a connu bien des évolutions depuis l'époque de son créateur, Sigmund Freud.

À l'époque de Freud, les possibilités thérapeutiques étaient quasiment inexistantes pour les patientes qu'il prenait en charge. Isolement, sédatifs, faradisation, en usage à cette époque, ont été progressivement abandonnés pour « la méthode cathartique » de son mentor Joseph Breuer.

faradisation

Faradisation de malades dans l’unité d’électrothérapie de Charcot et Vigouroux à la Salpêtrière. Gravure de Daniel Vierge, 1887.

L'époque pré-psychanalytique

En 1895, Breuer et Freud publient leur ouvrage intitulé : « Études sur l'hystérie ». Avant même cette publication, un désaccord entre les deux hommes apparaît concernant les hypothèses de l'étiologie de l'hystérie. Pour Freud, désormais, les origines en sont traumatiques. Peu après, il présente cette hypothèse à la Société de Psychiatrie de Vienne en avril 1896. Son article est accueilli par un silence absolu et on lui conseille ensuite de ne pas le publier. Il trouve néanmoins le courage de braver ses pairs et publie malgré tout son article « Étiologie de l'hystérie ». Dans cet article, il postule que l'origine des névroses est liée à un traumatisme sexuel précoce ou « relation sexuelle pendant l'enfance ». Ce qu'il nommera ensuite « théorie de la séduction ».

Si on ne peut manquer d'être interpellé par l’ambiguïté inhérente à ce terme, dans son article initial, il n'y a aucun doute quant à ce qu'il entend par séduction sexuelle. Très clairement, il s'agit d'un acte sexuel imposé sous la contrainte par un adulte à un enfant, c'est à dire d'un viol ou d'une agression sexuelle. Il a été le premier médecin à croire ce que lui disaient ses patientes qui étaient malades parce qu'enfant, elles avaient subi des violences sexuelles.

divan de Freud

Le divan de Freud

L'invention de la psychanalyse

Par la suite, il effectue un revirement complet en déclarant qu'il avait commis l'erreur de prêter foi aux propos de ses patientes. Il va remplacer sa théorie de la séduction par la théorie du complexe d’Œdipe, passant du « tout traumatique au tout fantasmatique. Pourtant, si le complexe d’œdipe, probablement universel comme le démontra Claude Lévi Stauss, les violences envers les enfants sont aussi une réalité. Ce renoncement de Freud à la théorie de la séduction est à la source de la polémique actuelle autour de la psychanalyse et se poursuit aujourd'hui au travers des pressions exercées auprès de l'American Psychiatric Association pour faire reconnaître le diagnostic de syndrome d'aliénation parentale.

C'est le psychanalyste Sandor Ferenczi qui, dès 1932, revient sur la réalité des violences subies par des enfants. Sa communication « Confusion de langue entre les adultes et l'enfant » lui vaut alors d'être mis au ban de la communauté psychanalytique.

Plus tard, Marie Balmary (1979), elle-même psychanalyste, constate qu'elle ne parvient pas à aider ses patients qui lui confiaient avoir subi des violences avec les outils que lui avait donnés sa formation. Elle s'interroge concernant les motifs inconscients du renoncement de Freud à sa théorie. Elle va appliquer avec brio la théorie psychanalytique non seulement à l’œuvre de Freud, mais également à sa vie privée et à son histoire familiale. Elle publie sa thèse «  L'homme aux statues, Freud et la faute cachée du père ». Jeffrey Masson, quant à lui, se plonge dans les archives de la psychanalyse et écrit un ouvrage en 1984, réédité depuis sous le titre « Enquête aux archives de Freud : des abus réels aux pseudo-fantasmes ». D'autres auteurs, comme le psychothérapeute Pierre Lassus (2001) s’intéresseront à cette question.

La névrose de S. Freud..

Il est indéniable aujourd'hui que la théorisation de Freud a subi le contrecoup de sa propre névrose et que plusieurs concepts en ont été le produit. Cependant, cela n'annule pas pour autant la portée de la découverte de la psychanalyse qui n'est pas et ne peut pas être une théorie révélée par un Père fondateur et c'est ce verrou dogmatique que la communauté psychanalytique doit faire sauter.

C'est à partir de la clinique, c'est à dire de l'écoute de la parole du sujet que va s'élaborer la théorie psychanalytique.

Clinique analytique, théorie psychanalytique

Suite à des échecs répétés, Freud abandonne la pratique de l'hypnose. C'est notamment son travail avec sa célèbre patiente, Emmy Von N, avec laquelle il va renoncer à ce qu'il appelle « l'analyse hypnotique » ainsi qu'aux diverses actions qu'il y associait initialement. Emma Von N. demande à Freud de la laisser parler, parler... exprimant le désir de poursuivre jusqu'au bout ses récits au risque de mettre en échec le traitement et demandant à Freud « Ne me touchez pas... ne parlez pas... ne bougez pas... Il faut préciser que l'activisme thérapeutique de l'époque lui imposait alors 2 séances d'hypnose par jour, des massages, l'administration de chloral, l'hydrothérapie, la faradisation (passage d'un courant électrique dans une jambe siège d'une anesthésie hystérique), les conseils, le chantage à l'exclusion de la maison de santé où elle se trouvait, l'injonction sous hypnose de ce qu'elle refusait à l'état conscient. C'est la prise en charge de cette patiente par Freud qui est à l'origine de la règle de silence et de neutralité dans la cure analytique.

Cette demande de sa patiente de la laisser parler, au lieu d'agir sur elle, a été décisive dans la découverte des manifestations de l'inconscient lors de l'association libre d'idées. L'écoute analytique rendait alors possible l'interprétation des résistances, des rêves et la mise à jour des fantasmes. Freud va également découvrir les effets du transfert et le rôle des fixations de la sexualité infantile à l'origine de la symptomatologie névrotique. Freud adhérait à la théorie du déterminisme inconscient qui donne son fondement à la psychanalyse.

Freud était plus un chercheur qu'un thérapeute, ce qu'il reconnut lui-même, et ce sont ses élèves et ses successeurs qui s'appliquèrent à trouver des aménagements ou des méthodes apparentes à sa technique de manière à la rendre thérapeutique.

Ainsi, la technique psychanalytique, initialement conçue à partir de la prise en charge individuelle de patients névrosés va trouver également ses indications dans la prise en charge de la psychose, de l'addiction, dans le développement de l'analyse de groupe comme avec les thérapies familiales analytiques ou l'analyse institutionnelle, et également dans la prise en charge thérapeutique des enfants. Par ailleurs, certains psychanalystes établissent des liens avec les neurosciences dans le but de renforcer leur efficacité.

S'il n'est point besoin de souffrir d'une maladie pour entreprendre une cure analytique et que la guérison surviendrait de surcroît, comme un effet latéral de l'analyse, la psychanalyse est avant tout une méthode d'aide au psychique souffrant même si le désir de se connaître, l'intérêt que le sujet porte à la vie psychique entrent en ligne de compte.

Les thérapies d'inspiration psychanalytiques

Si elles ont pour principe les règles fondamentales et les principes théoriques de la psychanalyse, le cadre en diffère. En effet, les thérapies d'inspiration psychanalytiques quittent le cadre du divan pour un entretien verbal, en face à face, où le thérapeute interagit davantage, écoute, mais pose également des questions. Son attitude est donc plus active et plus directe que dans le cadre d'une psychanalyse.